Notre premier constat est la volonté manifeste du gouvernement de limiter les candidatures aux postes électoraux, à des personnes fortunées. C’est du suffrage censitaire à l’inverse. Le montant de la caution requise pour les différentes élections est à la base de notre constat.
L’argent pour monnayer la démocratie |
Le gouvernement propose de fixer la caution aux différents postes électoraux aux montants suivants :
100.0000 FCFA pour les élections municipales
5 millions FCFA pour les élections législatives
30 millions FCFA pour l’élection présidentielle
Il est important de mettre en perspective à l’échelle du Cameroun, la valeur de cette caution pour permettre meilleure compréhension.
Selon les chiffres de la Banque mondiale de 2009, le salaire annuel moyen au Cameroun était de 1170 Dollars Américain par an, environ 600.000 CFA ; ce qui revient à 50000 par mois. Selon plusieurs études de la Banque mondiale le taux de chômage du Cameroun serait autour de 30% depuis 2001.
Ces chiffres montrent clairement que beaucoup de camerounais ne sont pas capables de réunir la somme de 100.000 FCFA de caution requis pour la candidature aux élections municipales. Nous observons qu’une petite frange de la population a des moyens nécessaires pour se payer une telle caution. Ces Camerounais sont de hauts cadres du secteur privé, des ministres et autres haut fonctionnaires de la république, des commerçants du gros commerce et des hommes d’affaires.
L’amendement qui prévoit la suspension du contrat de travail pour le candidat élu et les contraintes de campagne électorales sont des barrières naturelles pour les cadres du secteur privé et les employés de l’état. Les seules personnes capables effectivement de postuler et mener campagne à un poste électoral dans ces conditions, seront les commerçants et hommes d’affaires.
Le droit de voter est sacré, il faut lutter pour le protéger |
Quels sont les vraies raisons de ce projet de loi ?
Devant le manque de raisons précises du gouvernement à cette augmentation drastique du montant de la caution aux différentes élections, considérant le manque de bon sens que ce projet inspire, il est difficile de ne pas penser à une volonté d’exclusion. Le but visé est d’exclure les moins fortunés de la population du processus électoral, refuser aux Camerounais moyens la possibilité de postuler à un poste électoral. Ce projet de loi va limiter les potentiels candidats à une petite liste des gens riches, souvent des hommes d’affaires à la solde ou sous contrôle du régime.
Nous Pensons que ce projet est une stratégie pour le Régime de contrôler le processus et de confisquer la démocratie, voici notre raisonnement :
On sait depuis plusieurs années l’emprise que le régime Camerounais a sur les hommes d’affaires et l’entreprenariat Camerounais. Par un code fiscal opaque et confus, le régime Biya, par le truchement de ses agents d’impôt, exerce en permanence une pression sur tout acteur économique au Cameroun. L’état Camerounais est capable de fermer toute entreprise ou commerce exerçant sur le territoire camerounais sans possibilité de recours pour les ayant droits. Les exemples de l’autorité absolue de l’état Camerounais sur le commerce et l’entreprenariat foisonnent. Tout operateur économique au Cameroun peut en témoigner du chantage et de l’arnaque dont ils sont victimes au quotidien de la part des agents des impôts. Tous les hommes d’affaires à proéminence économique moyenne ont été contraints à joindre les rangs du RDPC, pour protéger leurs affaires. Certains sont devenus députés ou maires RDPC dans leur région d’origine pour protéger les intérêts du parti.
Un système ou les seuls personnes capables de se présenter comme candidat aux élections Municipales, Législatives ou présidentielles, sont les commerçants et autres hommes d’affaires, est un système entièrement sous contrôle du régime. Le régime Biya sera ainsi libre d’utiliser la menace fiscale pour avoir gain de cause sur le candidat. L’autocratie aura ainsi trouve un moyen plus subtile de s’imposer.
Ce projet de loi est une nouvelle attaque à la démocratie et à toute possibilité de changement démocratique au Cameroun.
Ce code est une preuve de plus que ce régime n'accepte pas la moindre ouverture démocratique. La fameuse consultation des partis politiques et la société civile s'avère être une pure diversion, ce qui est manifestement un manque de respect criard pour tout le peuple camerounais. On se demande bien à quoi sert un tel cinéma qui pourtant coûte énormément en argent et nous perd assez de temps. Il y a forcément quelque chose à faire.
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