François Hollande, Président de la république Française |
A son excellence François Hollande,
Président de la république Française.
Excellence Monsieur le Président de la République Française,
Nous, CamerNation avons appris de sources dignes de foi avec une certaine amertume, la nouvelle de la visite prochaine de Paul Biya dans votre beau pays la France, la « douce France » si chère a Danielle Mitterand, la France symbole de liberté, de démocratie et de respect des droits de l’homme, la belle et grande France de 1789. Notre amertume est d’autant plus grande que nous avons en d’autres circonstances attiré l’attention de la patrie de Jean-Jacques Rousseau sur les nombreuses exactions commises par le régime de Monsieur Biya, qui à notre avis lui retirent toute la crédibilité et la légitimité nécessaire pour défendre les intérêts et prendre éventuellement des engagements au nom du peuple Camerounais, unique détenteur de la souveraineté du Cameroun.
Nous profitons donc de la présente opportunité historique pour vous adresser nos vœux les meilleurs, ainsi qu’au vaillant peuple frère de France pour l’année 2013 et surtout pour vous rappeler et reformuler la volonté du peuple camerounais martyrisé depuis 1960, année d’accession à la souveraineté internationale par les régimes despotiques d’Ahmadou Ahidjo et aujourd’hui celui de votre futur hôte Paul Biya.
Qui sommes-nous?
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous sommes des patriotes Camerounais regroupés sous la bannière CamerNation, un mouvement politique qui travaille pour l’établissement d’une véritable démocratie au Cameroun, et qui ambitionne de défendre les intérêts légitimes du peuple Camerounais partout dans le Monde.
Jeunes pour la plupart, nous avons fait la découverte heureuse - à la faveur de nos interactions diverses avec la France et l’Occident - des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité si chères à la France et qui nous paraissent universellement acceptables et mêmes indispensables à l’épanouissement de l’humanité.
Nous avons également découvert - au contact de la France - les vertus de la démocratie avec ses corollaires que sont la liberté d’expression et d’association, l’état de droit, le multipartisme et l’alternance politique pacifique. Une parfaite illustration de la maturité démocratique du peuple de France est votre brillante élection à la magistrature suprême de votre pays. Recevez ici nos sincères compliments.
Paul Biya, Président de la République du Cameroun |
Que reprochons nous a Paul Biya?
Le Peuple Camerounais a démontré depuis plusieurs générations, a travers ses multiples sacrifices une ardeur au travail et une certaine obsession pour la quête de la liberté et n’aspire qu’au bien être et a la justice sociale.
Mais il se trouve que tous ses espoirs légitimes de liberté et de prospérité ont été retardés par le régime d’Ahmadou Ahidjo(1960-1982).
De même aujourd’hui, ces espoirs sont menacés d’anéantissement par les innombrables crimes du régime de Monsieur Paul Biya.
Les crimes de ce régime sont si nombreux que nous ne mentionnerons ici que ceux qui nous semblent les plus criards car ayant conduit a l’injustice politique, mère de l’injustice sociale que nous vivons depuis 30 années de règne sans partage:
1990: le vent de la liberté souffle sur le Cameroun comme dans beaucoup d’autres pays Africains. Les étudiants et autres citoyens descendent dans la rue pour réclamer pacifiquement la démocratie. La réaction du gouvernement de Biya fut brutale: la révolte est écrasée dans le sang. Des milliers de Camerounais y perdent la vie. Les pressions conjuguées de la rue et de la communauté internationale -dont la France qui y tient un bon bout– contraignent le régime à reconnaitre et à légaliser des partis politiques d’opposition.
1992: des élections pluralistes sont organisées. Mais une fraude sans précédent orchestrée par le régime empêche la manifestation de la vérité. De l'avis de toutes les forces vives de la nation qu’une bonne franche de la communauté internationale, Paul Biya avait perdu cette présidentielle. Mais la Cours Suprême, inféodée des pontes du régime et dépourvue de toute indépendance - car les juges qui la composent sont nommés et révoqués à la discrétion du prince Paul Biya sans aucune possibilité de contrôle - l’a quand même déclaré vainqueur. Dans la foulée de la grogne populaire qui s’en suit, une rencontre dite tripartite regroupant le pouvoir, l’opposition et la société civile est organisée dans l’urgence pour apaiser la tension sociale.
L’une des résolutions les plus importantes de cette tripartite fut l’adoption d’une nouvelle constitution qui quoique imparfaite prévoit une limitation à 2 du nombre de mandats présidentiel de la république dont la durée est portée de 5 à 7 années. Malheureusement et comme toujours avec le pouvoir dictatorial de Yaoundé, le calme revenu, le régime de monsieur Biya en a profité pour réprimer, corrompre, désorganiser pour finalement rendre non opérationnelle toute opposition à son hégémonie.
Février 2008, le pays est sous tension car le régime essaye de modifier la constitution pour permettre à monsieur Biya de se représenter indéfiniment aux élections présidentielles. Des jeunes compatriotes qui entrevoient l’effondrement de tout espoir d’alternance à la tête de l’Etat descendent dans la rue pour exprimer pacifiquement leur désaccord. Pour toute réponse, le régime fait réprimer la manifestation dans le sang par une armée et des milices à sa solde qui tire à balles réelles sur les manifestants sans défense. Le bilan des morts et des blesses s’élève à plusieurs centaines de victimes. Plusieurs centaines d’autres jeunes – parmi lesquels de nombreux mineurs - sont jetés en prison sans le moindre procès équitable.
Il est aujourd’hui établi de façon irréfutable que le régime de Monsieur Paul Biya s’est largement rendu coupable du déni de démocratie que la France et la communauté Internationale reprochent ou reprochaient – à juste titre – aux régimes de Khadafi, Gbagbo, Ben Ali, Moubarack et aujourd’hui Bashar Al Assad.
Que voulons-nous?
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous sollicitons à travers votre haute personnalité, le soutient fraternel et sans faille de la France dans notre lutte pour le changement qui va libérer le Cameroun du régime liberticide de Paul Biya, et instaurer – dans l’intérêt supérieur de nos deux peuples frères - un régime véritablement démocratique au Cameroun.
Une première étape de ce soutient serait par exemple de limiter voire supprimer tout contact diplomatique avec ce régime sanguinaire qui a tendance à interpréter toute interaction diplomatique avec la France comme une bénédiction, un soutien moral, une apologie à toutes les exactions dont il se rend coupable contre le peuple Camerounais aux abois.
Une seconde étape de ce soutient fraternel serait d’user – dans la mesure du possible - de tous les leviers politiques, économiques et diplomatiques dont dispose la France pour contraindre le régime de Monsieur Paul Biya, usurpateur de la souveraineté du peuple Camerounais à:
- La mise sur pieds de façon consensuelle avec toutes les forces vives de la Nation, d’une administration suffisamment crédible et indépendante pour garantir des élections suffisamment transparentes pour être acceptée de tous et assurer la paix des cœurs qui viendra compléter la paix de façade qu’affichent des camerounais désabusés par 21 années de fraudes électorales;
- L’adoption d’un calendrier électoral, le recensement effectif de la population, le toilettage des listes électorales, le redécoupage juste des circonscriptions administrative pour une meilleure représentativité de l’électorat et enfin l’organisation des élections justes et transparentes pour un renouvellement salutaire de la classe dirigeante.
Bref, l’ouverture de toute urgence d’une transition et une alternance politique, car comment comprendre Excellence Monsieur le Président de la République, que depuis la prise du pouvoir par Monsieur BIYA depuis 1982, la France, votre pays a vu « défiler » 04 Présidents de la République, les Etats Unis d’Amérique 05 et plus près de nous le Sénégal 03, le Ghana 04. Cette liste est non exhaustive.
Pourquoi nous adressons nous a la France?
Outre le fait que la providence a lié les peuples frères du Cameroun et de France par l’Histoire, l’économie et la culture, nous sommes arrivés à la conclusion logique – à la lumière de la crise Ivoirienne, du printemps arabe et de la crise Syrienne - que :
- Fidèle à sa tradition démocratique, la France a dans un élan de solidarité et de générosité décidé de tenir la main – plus que par le passé – à tous les défenseurs légitimes des valeurs démocratiques dans le monde entier pour mieux faire avancer la cause humaine ;
- Contrairement à une idée reçue et datant d’une époque désormais lointaine, le peuple de France a brillamment démontré que la poursuite des intérêts géostratégiques – que nous reconnaissons légitimes lorsqu’ils sont réciproques – n’est pas incompatible à la défense des valeurs démocratiques.
- Bien au contraire, les deux objectifs sont intimement liés par une relation symbiotique. Puisse cette expérience formidable faire jurisprudence et devenir durablement la nouvelle base de coopération de la France avec tous ses partenaires en Afrique et surtout au Cameroun.
Aussi, dans un élan patriotique, nous venons fraternellement proposer à la France une modernisation et une consolidation des intérêts de nos deux peuples en travaillant main dans la main à l’avènement d’une véritable démocratie au Cameroun. Car nous refusons de croire que la démocratie et les promesses de liberté et d’humanisme qu’elle véhicule puisse parcourir toute l’Afrique – parfois grâce au leadership et à l’apport décisifs de la France – et s’arrêter aux portes du Cameroun.
Nous sommes d’autant plus convaincus de frapper à la bonne porte et déterminés à persévérer dans cette direction que votre illustre prédécesseur de regretté mémoire François Mitterrand nous avait suggéré dans un esprit amical et sincère, à travers le discours célèbre de la Baule, de (re)faire l’expérience de la démocratie.
Nous tenons à travers vous Excellence Monsieur le Président de la République, une opportunité historique. Nous comptons sur votre sollicitude pour « toucher » enfin le « cheque » de la démocratie qui avait été remis au Cameroun par la Providence (résistance héroïque du peuple Camerounais et écho favorable du Président Mitterrand) - en même temps qu’a d’autres pays d’Afrique Francophones - mais qui au fil d’interminables années d’attente et à la différence du Sénégal, du Niger, du Mali et désormais de la Cote d’Ivoire est rentré « impayé » avec la mention « multipartisme et élections bidons, mais surtout pas de justice, ni de liberté, ni d’égalité, ni d’alternance ».
Que comptons-nous faire pour une action conjointe efficace?
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous allons mobiliser dans les plus brefs délais, la population Camerounaise afin de la mettre en ordre de bataille pour mieux relever les défis à venir.
Nous allons organiser une plate-forme commune tant de l’opposition patriotique et progressiste que de la société civile camerounaises afin de fournir à la diligence de tous les partenaires internationaux du Cameroun - parmi lesquels nous espérons voir votre gouvernement jouer un rôle important - un interlocuteur sérieux et légitime capable de coordonner convenablement le processus de transition dans le respect des intérêts légitimes du Peuple Camerounais.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Dans l’espoir que vous accordera une attention toute particulière à cette doléance pressante du Peuple Camerounais, Veuillez agréer Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.
Le bureau Politique, CamerNation.